Sommaires exécutifs 26 sept. 2023
Un automne haut en couleur en immigration : principaux débats à suivre pour le secteur manufacturier
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L’automne sera marqué par les débats entourant les consultations fédérales et provinciales en matière de planification de l’immigration. Qui plus est, le projet de règlement concernant le nouveau programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) au Québec viendra apporter une tout autre couleur aux programmes de sélection actuels. Certaines mesures proposées pourraient particulièrement affecter le secteur manufacturier au Québec; quelles sont-elles?
Le secteur manufacturier au Québec est particulièrement touché par la pénurie de main-d’œuvre. Avec plus de 23 000 postes à combler, l’immigration devient l’une des solutions essentielles pour combler ces emplois et permettre à l’industrie manufacturière de poursuivre sa croissance et d’ainsi contribuer à l’économie québécoise. La planification de l’immigration et les niveaux d’immigration qui seront retenus joueront un rôle important sur l’attractivité du Québec en tant que province de destination pour les travailleurs étrangers ainsi que sur la croissance de la population active disponible pour répondre aux besoins des entreprises. Parmi les scénarios proposés par le gouvernement provincial, le seul qui puisse générer cette croissance est celui qui augmenterait graduellement les cibles pour atteindre 60 000 admissions en 2027, en plus d’admettre, en continu et sans limitation, les finissants de programmes d’études complétés en français. Les admissions pourraient ainsi excéder de plusieurs milliers d’immigrants la cible de 60 000 admissions. Toutefois, pour que cette mesure ait un impact significatif dans l’industrie manufacturière, il faudrait revoir les programmes d’études admissibles et inclure certains programmes de formation qui comptent moins que les 1 800 heures de formation actuellement requises. Des formations, comme l’AEC en automatisation, en instrumentation et en robotique, certains programmes techniques en génie électrique et plusieurs autres formations permettant de pourvoir des postes clés, doivent être ajoutées.
En plus de cette hausse de la cible, il sera important de revoir l’entente avec le gouvernement fédéral afin de pouvoir accélérer le traitement des demandes de résidence permanente à destination du Québec. Même si les délais sont à la fois attribuables au seuil déterminé par le Québec et au processus de traitement des demandes à l’échelle fédérale, une meilleure collaboration est nécessaire pour améliorer les délais de traitement et rendre le Québec plus concurrentiel en comparaison aux autres provinces qui profitent de délais de traitement considérablement plus rapides. Dans certains cas, la différence peut atteindre près de deux années.
En plus des mesures quantitatives, le projet de règlement concernant le PSTQ aura un impact sur la sélection des candidats, et donc sur la capacité de répondre aux besoins de main-d’œuvre. Le projet comporte des dispositions qui exigent une maîtrise du français avancée par la quasi-totalité des candidats ainsi que par leur conjoint ou conjointe. Bien que l’objectif de francisation soit reconnu et partagé par les différents acteurs économiques, il est important, entre autres pour le secteur manufacturier, que le niveau de français requis soit ajusté en fonction du poste qui sera occupé. Il est aussi crucial que le projet de francisation soit partagé entre le gouvernement et les entreprises. Par exemple, les programmes gouvernementaux devraient inclure la possibilité de franciser les candidats et les membres de leur famille avant leur arrivée au Québec.
Dans sa forme actuelle, le PSTQ comporte également un enjeu quant à l’éducation qui serait requise pour certains travailleurs étrangers afin de pouvoir se qualifier pour la résidence permanente. Notamment, pour les postes FEER 4 et 5, une formation secondaire ou professionnelle serait requise, ce qui constitue une exigence qui excède les critères appliqués dans le cadre du programme des travailleurs étrangers temporaires. En somme, un travailleur serait qualifié pour occuper temporairement un poste pendant deux années, mais ne serait pas qualifié pour continuer à occuper ce même poste de manière permanente. Il s’agit d’une contradiction qui pourrait avoir une incidence importante sur la possibilité de retenir les travailleurs étrangers temporaires déjà présents et intégrés au Québec.
Finalement, en raison des limites numériques et des délais afférents à la résidence permanente au Québec, il est clair que l’utilisation du programme des travailleurs étrangers temporaires demeurera un outil crucial pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier. Les délais pour ce programme sont également un enjeu important. L’une des propositions présentées au gouvernement est celle de permettre aux employeurs du Québec de tirer parti de la possibilité de déposer des demandes d’évaluation de l’impact sur le marché de travail (EIMT) sans que les travailleurs étrangers temporaires soient déjà identifiés. Cette mesure permettrait d’amorcer les démarches simultanément avec le processus de recrutement international, générant ainsi une diminution des délais entourant ce processus de plusieurs semaines, voire même de quelques mois. Toutes les provinces sauf le Québec ont accès à cette possibilité; il est crucial que nos entreprises soient aussi agiles et efficaces dans leurs efforts pour combler les besoins du marché.
Dans le contexte démographique et économique actuel, l’immigration est l’une des solutions importantes pour le secteur manufacturier. L’information est un outil essentiel. Les entreprises doivent bien comprendre le débat, et y prendre part activement. Apportez vos couleurs aux débats de l’automne!
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