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Sommaire exécutifs

Nov 21, 2025

5 min à lire

PSTQ : une réforme majeure de l’immigration économique au Québec

Points clés à retenir

Réduction globale des admissions : Le Québec prévoit 45 000 immigrants permanents en 2026, soit 25 % de moins qu’en 2025. Même si l’immigration économique représente 64 % des admissions, cette baisse peut exacerber la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, affectant directement la capacité des entreprises à recruter et à se développer. 

Le PSTQ : la seule voie pour recruter des travailleurs étrangers  : À compter de 2026, le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) deviendra la voie unique vers la résidence permanente pour les travailleurs étrangers. Les entreprises devront adapter leurs stratégies de recrutement à ce système centralisé.

Des volets avec critères stricts et parfois déconnectés du marché 

  1. Volet 1 : Haute qualification (FEER 0-2) → exigences linguistiques élevées.
  2. Volet 2 : Compétences intermédiaires/manuelles (FEER 3-5) → exigence de diplôme parfois incompatible avec la réalité des métiers.
  3. Volet 3 : Professions réglementées → délais pour reconnaissance professionnelle.
  4. Volet 4 : Talents d’exception → accès limité mais stratégique. 

Ces critères peuvent restreindre l’accès à des talents essentiels pour les secteurs en pénurie. 

Manque de prévisibilité pour les employeurs : Le PSTQ fonctionne uniquement sur invitation ciblée, sans calendrier fixe ni seuils annoncés. Cela complique la planification des entreprises qui dépendent de travailleurs étrangers pour combler des postes clés. 

Possibilités d’ajustements à venir en 2026 : Le gouvernement pourrait revoir les seuils, augmenter le nombre d’invitations dans les volets 2 et 4 et renforcer la francisation et la régionalisation. Ces ajustements seront essentiels pour permettre aux entreprises de recruter plus efficacement et de répondre aux besoins économiques tout en respectant les objectifs linguistiques du Québec. 

Le 6 novembre dernier, le gouvernement du Québec a présenté ses orientations pluriannuelles en matière d’immigration pour la période 2026-2029 ainsi que le Plan d’immigration du Québec pour l’année 2026. La position du Québec est sans équivoque : le Plan prévoit une réduction significative du nombre d’immigrants permanents et temporaires et accorde une importance accrue à la connaissance du français, tant pour les travailleurs temporaires que pour les candidats à la résidence permanente. Cette orientation s’inscrit dans une volonté affirmée de préserver la vitalité linguistique et culturelle de la province tout en répondant aux besoins économiques. 

Baisse des seuils et réorientation des priorités 

Parmi les scénarios soumis lors des consultations publiques, le gouvernement a retenu un objectif d’admission de quarante-cinq mille immigrants permanents pour 2026, soit une baisse d’environ 25 % par rapport au seuil de 60 000 fixé pour l’année 2025. Cette diminution survient malgré le fait que le Québec aurait pu exiger du gouvernement fédéral un volume plus élevé d’admissions à la résidence permanente en raison de son poids démographique, et ce, même dans un contexte de réduction des seuils fédéraux. Bien que la part de l’immigration économique soit en hausse étant établie à soixante-quatre pour cent des admissions, la baisse globale des admissions suscite des inquiétudes chez les entreprises et les associations sectorielles qui ont participé aux consultations et exprimé leurs préoccupations quant à la pénurie de main-d’œuvre.

Fermeture des anciens programmes et centralisation vers le PSTQ 

Cette réforme ne se limite pas à une révision des seuils d’admission à la résidence permanente au Québec. Elle entraîne également la fermeture officielle du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), tant pour le volet Diplômés du Québec que pour le volet Travailleurs étrangers temporaires, à compter du 19 novembre prochain. Au surplus, les trois programmes pilotes visant les travailleurs de l’intelligence artificielle, des technologies de l’information et des effets visuels; les préposés aux bénéficiaires; et les travailleurs de la transformation alimentaire prendront fin le 1er janvier 2026 ou dès que les quotas de 600 admissions par programme seront atteints. À l’heure actuelle, seul le profil Francophone du volet Intelligence artificielle accueille de nouvelles demandes de sélection permanente. En effet, tous les quotas ayant été atteints dans les autres volets du Programme Travailleurs des secteurs de l’intelligence artificielle (IA), des technologies de l’information et des effets visuels (TI/EV), ainsi que dans les deux autres programmes.  À compter du 1er janvier 2026, le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) s’imposera désormais comme la voie unique vers la résidence permanente pour les travailleurs étrangers. 

Les différents volets du PSTQ 

Objectifs et philosophie du programme 

Le PSTQ repose sur une logique de sélection par points et poursuit des objectifs précis. Il vise à renforcer la francisation et l’intégration durable des candidats, à répondre aux besoins du marché du travail en ciblant les professions en forte demande, à favoriser la régionalisation et la rétention des ressources hors de la Communauté métropolitaine de Montréal, et enfin à attirer des talents stratégiques et des expertises rares qui contribueront à la prospérité économique du Québec. 

En guise de rappel, les niveaux de compétence de la Classification nationale des professions (CNP), désignés par les codes FEER (Formation, Études, Expérience et Responsabilités), permettent de regrouper les professions selon la complexité des tâches et le niveau de formation exigé. Le FEER 0 correspond aux postes de gestion, les FEER 1 et 2 aux professions nécessitant des études universitaires ou collégiales, le FEER 3 aux métiers spécialisés, tandis que les FEER 4 et 5 regroupent les professions techniques ou manuelles ne requérant pas nécessairement de diplôme formel. 

 Volet 1 : Haute qualification et compétences spécialisées 

Ce programme se décline en quatre volets distincts, chacun assorti de critères rigoureux. Le premier volet concerne les professions hautement qualifiées, classées dans les catégories FEER 0, 1 et 2. Les candidats doivent démontrer une maîtrise avancée du français, avec un niveau oral minimal de 7 et écrit de 5, ainsi qu’une expérience professionnelle à temps plein d’au moins 12 mois au cours des cinq dernières années, et ce, peu importe l’endroit où l’expérience est acquise. Cette exigence linguistique, bien qu’elle corresponde à la logique d’intégration, soulève des enjeux pratiques. Certaines professions de la catégorie FEER 2, telles que les soudeursles machinistes, sont actuellement incluses dans ce volet alors que leur réalité linguistique et professionnelle ne concorde pas avec ces seuils élevés. Il serait plus cohérent de déplacer ces professions vers le volet 2, afin de mieux refléter les besoins du marché et la nature des compétences requises. 

Volet 2 : Compétences intermédiaires et manuelles 

Le deuxième volet s’adresse aux professions intermédiaires et manuelles, correspondant aux catégories FEER 3, 4 et 5, et exige un niveau oral de français d’au moins 5. Ce volet impose également la possession d’un diplôme d’études secondaires, une condition qui ne correspond pas toujours aux exigences réelles du marché du travail pour plusieurs postes, notamment ceux des catégories FEER 4 et 5. En effet, ces profils se distinguent par une réalité professionnelle axée avant tout sur la technicité, la précision et l’expérience pratique. Ces travailleurs, souvent sans formation académique formelle, possèdent néanmoins des compétences essentielles au bon fonctionnement des secteurs manufacturier et industriel. Exiger un niveau de formation supérieur aux requis standards du monde du travail qui sont pourtant jugés suffisants aux fins du programme des travailleurs étrangers temporaires exclut injustement des profils pourtant indispensables au marché du travail québécois. Cette exigence crée un obstacle majeur à la résidence permanente pour de nombreux travailleurs du secteur manufacturier qui occupent ces fonctions sans détenir ce diplôme, malgré leur expérience et leur contribution essentielle à l’économie québécoise. 

Volet 3 : Professions réglementées 

Le troisième volet cible les professions réglementées, pour lesquelles un permis ou une reconnaissance professionnelle est obligatoire, notamment dans les domaines de la santé et de l’ingénierie. Bien que l’exercice de certaineprofessions non entièrement réglementées puissent ouvrir l’accès à la fois au volet 1 ou le volet 3, certaines professions entièrement réglementées, comme les ingénieurs, doivent obligatoirement passer par ce volet. L’exigence d’admission à l’ordre professionnel ou la validation préalable constitue un frein important à l’immigration permanente de talents hautement qualifiés. Cette contrainte, bien qu’elle vise à protéger le public et assurer la compétence professionnelle, ralentit considérablement le processus pour des candidats qui disposent déjà des compétences requises mais doivent franchir des étapes administratives complexes. 

Volet 4 : Talents d’exception 

Enfin, le quatrième volet est réservé aux talents d’exception dans les secteurs des arts, de la culture, du sport, de la recherche et des industries stratégiques, sous réserve d’un avis favorable préalable d’un partenaire reconnu par le ministère de l’Immigration de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Ce volet, bien que marginal en volume, demeure stratégique pour attirer des expertises rares et soutenir le rayonnement économique et culturel du Québec. 

Analyse critique du PSTQ : un système à revoir pour répondre aux besoins économiques  

Aperçu des rondes d’invitations réalisées depuis l’ouverture du programme 

Mis en œuvre en 2024 dans un contexte de modernisation de la sélection économique, le PSTQ devait à l’origine offrir un cadre plus flexible et transparent, apte à mieux arrimer l’immigration économique aux besoins du marché du travail. Toutefois, l’analyse des rondes d’invitations tenues en 2025 révèle plusieurs déséquilibres structurels qui compromettent en partie cette ambition initiale. 

 

Depuis son entrée en vigueur, le PSTQ a organisé seulement cinq rondes d’invitations en 2025, révélant des tendances qui soulèvent des préoccupations majeures. Le 17 juillet, 216 candidats du volet1 ont été invités avec un seuil minimal de 768 points, tandis que 22 candidats du volet4 ont été sélectionnés sans seuil prédéfini. Le 31 juillet, le volet2 a invité 273 candidats avec un seuil de 661 points. Le 14 août, le volet3 a enregistré 275 invitations avec un seuil de 766 points. Enfin, le 28 août, le volet1 a de nouveau été sollicité avec 227 invitations et un seuil légèrement réduit à 760 points, tandis que le volet4 n’a accueilli que quatre candidats.  

La publication périodique des rondes d’invitations par le MIFI permet d’observer l’évolution des seuils de pointages et des profils ciblés, offrant ainsi un aperçu concret des orientations du programme et des ajustements apportés au fil des différentes rondes d’invitation.

Des seuils irréalistes et des critères déconnectés du marché 

Les volets1 et3 imposent des seuils si élevés qu’ils rendent l’accès pratiquement impossible sans cumuler plusieurs avantages : études secondaires ou supérieures au Québec, expérience professionnelle en région, jeunesse et conjoint(e) jeune et éduqué(e). Ce profil ne correspond pas à la réalité des travailleurs de nombreux secteurs, notamment le manufacturier. Quant au volet2, bien que son seuil soit inférieur, il demeure inaccessible pour les professions des FEER3,4 et5, ce qui exclut de fait une grande partie des travailleurs moins qualifiés, malgré les besoins criants dans ces catégories. Le volet3 pose un autre problème : il cible quasi exclusivement des diplômes québécois en raison des exigences complexes liées aux équivalences, ce qui crée une barrière importante pour les talents formés à l’étranger. 

 À cela s’ajoute une opacité totale : le PSTQ fonctionne uniquement sur invitation ciblée, sans calendrier ni seuils prévisibles, ce qui empêche toute planification pour les employeurs et les candidats. Enfin, la faible valorisation des offres d’emploi validées, seulement 30 points pour un emploi permanent offert dans la Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM) et 50 points pour celui offert hors CMM, est dérisoire au regard de leur importance stratégique pour la rétention et l’intégration des travailleurs. 

Recommandations pour un système plus équitable et efficace

Il est impératif de réviser la grille de pointage afin de réduire les seuils pour les volets1 et2 et de mieux refléter la réalité du marché du travail, notamment pour les FEER3,4 et5. Une pondération beaucoup plus élevée doit être accordée aux offres d’emploi validées, en particulier dans les secteurs en pénurie. Les critères liés aux diplômes et aux équivalences doivent être assouplis pour reconnaître davantage les compétences et expériences acquises hors Québec et simplifier le processus d’équivalence. 

Le système doit également introduire des mécanismes de prévisibilité, tels qu’un calendrier indicatif des rondes d’invitations et des seuils annoncés à l’avance, afin de permettre une planification réaliste.

Enfin, le PSTQ doit être aligné sur les besoins économiques réels en adaptant ses critères pour répondre aux pénuries dans le manufacturier, la construction et les services, et en créant des volets ou des sous-catégories spécifiques pour les métiers essentiels. 

Perspectives à l’horizon 2026 

À l’horizon 2026, des ajustements sont anticipés afin de répondre à la pénurie persistante de main-d’œuvre. Le gouvernement pourrait revoir les seuils de sélection et accroître le nombre d’invitations dans les volets deux et quatre, tout en renforçant les mesures de francisation et de régionalisation. Cette évolution sera cruciale pour concilier les impératifs économiques et les objectifs linguistiques du Québec. 

Conclusion 

En définitive, le PSTQ incarne une réforme ambitieuse qui redéfinit les paramètres de l’immigration économique. Son succès dépendra de sa capacité à maintenir un équilibre entre l’attractivité internationale, la protection de la langue française et la satisfaction des besoins du marché du travail. Les prochaines rondes d’invitations et les ajustements réglementaires seront déterminants pour mesurer l’efficacité de ce programme et son impact sur la compétitivité économique de la province.

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FAQ

FAQ

Le PSTQ (Programme de sélection des travailleurs qualifiés) devient, à partir de 2026, la voie unique vers la résidence permanente pour les travailleurs étrangers. Pour les entreprises, cela signifie que toutes les stratégies de recrutement international devront désormais passer par ce programme centralisé, avec ses critères et ses quotas spécifiques. 

Le programme impose des seuils élevés et des critères stricts, notamment des exigences linguistiques pour les métiers hautement qualifiés et des diplômes pour certaines professions intermédiaires ou manuelles. Ces critères peuvent limiter l’accès à des talents essentiels pour des secteurs en pénurie, comme le manufacturier, la construction ou les services spécialisés. 

Le gouvernement pourrait effectivement revoir les seuils de sélection et augmenter le nombre d’invitations dans les volets 2 et 4, tout en renforçant les mesures de francisation et de régionalisation. Ces ajustements viseront à mieux aligner le programme sur les besoins économiques et les pénuries de main-d’œuvre, ce qui sera crucial pour les entreprises. 

Les entreprises doivent planifier leurs recrutements en tenant compte de la centralisation des admissions par le PSTQ, surveiller les rondes d’invitations et identifier les profils qui répondent aux critères des différents volets. Il est aussi stratégique de soutenir la francisation et la rétention des talents pour maximiser les chances d’intégration réussie.