Sommaires exécutifs 18 juin 2025

Les sociétés québécoises sur les marchés financiers canadiens : une année de croissance dans un contexte de changements structurels

Voici le premier article d’une série de quatre, publiée à raison d’un article par mois tout au long de l’été, portant sur le rapport de l’Autorité des marchés financiers (AMF) intitulé «Sommaire des activités de surveillance et de réglementation», préparé par la Direction principale du financement des sociétés. Rédigée par Dominique Mannella et Gilles Seguin, cette série vise à mettre en lumière les points saillants du rapport. Restez à l’affût des prochains articles à paraître en juin, juillet et août!. 

En mai 2025, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié un rapport sur ses activités de surveillance et de réglementation pour l’année terminée le 31 décembre 2024.  

Le rapport souligne les événements saillants sur les marchés financiers publics et dispensés du Québec, dont un montant record de 18,5 milliards de dollars levés par le biais de placements sur les marchés financiers dispensés et un premier appel public à l’épargne (PAPE) sur la Bourse de Toronto (TSX) par un émetteur du Québec, soit le premier PAPE depuis 2022. Il décrit également les efforts de l’AMF pour améliorer la qualité de l’information à fournir, soutenir l’efficience du marché et réduire le fardeau réglementaire, tout en maintenant la protection des investisseurs. Un PAPE au Canada est le processus par lequel une société privée offre ses actions au public pour la première fois sur une bourse canadienne, ce qui nécessite l’approbation des autorités réglementaires ainsi qu’un prospectus. L’année a été marquée par une croissance notable des sociétés québécoises dont les titres sont cotés sur des bourses canadiennes, avec une augmentation de la capitalisation boursière, malgré une diminution du nombre d’émetteurs inscrits. Au Canada, les marchés financiers dispensés font référence aux marchés des capitaux privés sur lesquels des titres peuvent être vendus sans prospectus, généralement à des investisseurs qualifiés en vertu de dispenses particulières prévues par la législation en valeurs mobilières.

Croissance de la capitalisation boursière et baisse du nombre d’inscriptions

En 2024, les émetteurs québécois inscrits à la cote de la TSX et de la Bourse de croissance TSX (TSXV) ont atteint une capitalisation boursière combinée de 803,5 milliards de dollars, en hausse de 12 % par rapport aux 717,4 milliards de dollars enregistrés en 2023. Toutefois, cette croissance a été dépassée par la hausse de 18 % de la capitalisation boursière des émetteurs canadiens non québécois, qui est passée de 2,8 billions de dollars à 3,3 billions de dollars. En conséquence, la part du Québec dans la capitalisation boursière totale du Canada est restée relativement stable à 19 %, légèrement en dessous de son niveau de 2023 (20 %) et de sa part du produit intérieur brut canadien (19,9 %).

Bien que la valeur ait augmenté, le nombre d’émetteurs québécois inscrits à la cote de la TSX ou de la TSXV a diminué de 8 %, passant de 152 en 2023 à 140 en 2024. Il s’agit d’une tendance également observée dans le reste du Canada. La baisse au Québec a été plus forte que dans le reste du pays : le nombre d’émetteurs canadiens non québécois inscrits est passé de 1 840 à 1 766, ce qui représente une diminution de 4 %. Ces chiffres révèlent des tendances à la consolidation ou à la radiation sur les marchés canadiens, alors même que les marchés des capitaux augmentent en valeur.

Double cotation et autres marchés

Le nombre d’émetteurs québécois inscrits à la cote de la Bourse des valeurs canadiennes (CSE) et du National Association of Securities Dealers Automated Quotations (NASDAQ) est demeuré stable. Les émetteurs inscrits à la cote de la CSE ont vu leur capitalisation boursière augmenter de 113 % pour atteindre 158 millions de dollars, tandis que celle des émetteurs inscrits à la cote du NASDAQ a diminué de 15 % pour s’établir à 1 milliard de dollars.

 

Placements sur les marchés publics et PAPE

L’activité des marchés publics pour les émetteurs québécois a rebondi en 2024. Même si le nombre total de prospectus déposés au Québec a légèrement diminué de 4 % (passant de 151 en 2023 à 145 en 2024), les émetteurs québécois se sont financés à hauteur de 1,6 milliard de dollars dans le cadre de placements sur la TSX ou la TSXV, soit quatre fois plus qu’en 2023 (0,4 milliard de dollars). En revanche, les placements publics des émetteurs non québécois au Québec sont passés de 12,7 milliards de dollars à 12,2 milliards de dollars, ce qui représente une diminution de 4 %.

Le nombre de PAPE a également augmenté. Quatre PAPE ont été réalisés au Canada en 2024, y compris le plus important PAPE de l’année, effectué sur la TSX par un émetteur du Québec. Il s’agit d’un contraste avec les activités en 2023, où aucune société québécoise n’avait effectué de PAPE.

 

Marché dispensé : l’essor de l’investissement institutionnel

Les sociétés québécoises ont levé 18,5 milliards de dollars sur le marché dispensé, soit une augmentation de 64 % par rapport à 2023. La plupart des capitaux ont été mobilisés par des émetteurs inscrits à la cote de la TSX et de la TSXV, ainsi que par des émetteurs assujettis. Les billets non convertibles ont été l’instrument dominant. Les investisseurs de l’Ontario ont représenté 58 % des placements canadiens. Les investisseurs québécois ont contribué à hauteur de 25,4 milliards de dollars, dont 4,5 milliards de dollars ont été investis dans des sociétés québécoises. Les sociétés étrangères ont continué à se prévaloir principalement de la dispense pour investisseur qualifié (article 2.3 du Règlement 45-106), 99 % de leurs placements à des souscripteurs québécois étant dispensés.

 

Robuste et en transition

Malgré une baisse du nombre d’inscriptions sur les marchés publics, les sociétés québécoises ont démontré une solide performance en matière de mobilisation de capitaux. La croissance de la capitalisation boursière et de l’activité financière dispensée témoigne d’une confiance soutenue des investisseurs, même si la diminution du nombre d’inscriptions et d’investissements à l’échelle locale demeure un sujet de préoccupation pour les organismes de réglementation.

L’équipe Valeurs mobilières de BCF est là pour vous guider et répondre à vos besoins liés aux marchés des capitaux.