Sommaires exécutifs 13 mai 2024
L’expérience : un facteur clé de succès dans les transactions de fusions et acquisitions
À la lecture du livre « How Big Things Get Done: the surprising factors that determine the fate of every project; from home renovations to space exploration and everything in between », un deuxième principe capte particulièrement l’attention pour les transactions de fusions et acquisitions (F&A) : celui de l’importance de l’expérience pratique.
Selon les auteurs, le manque d’expérience pratique des participants à un projet est parmi les principales raisons pour lesquelles un projet ne connaîtra possiblement pas le succès escompté. Les auteurs relatent plusieurs exemples de projets dont la réalisation a été confiée à des gens n’ayant pas une expérience pratique suffisante, menant ainsi à leur perte.
Parmi ces exemples, un de ceux-ci s’est déroulé tout près de chez nous, lorsque le gouvernement canadien a décidé d’acheter deux brise-glaces. Au lieu de se les procurer de manufacturiers expérimentés, le gouvernement avait plutôt décidé, pour des raisons politiques, d’octroyer le contrat à des entreprises canadiennes n’ayant aucune expérience en la matière. Cette décision a pu être perçue comme une bonne décision politique, mais elle n’a pas été sans conséquence pour les contribuables. Un rapport du Directeur parlementaire du budget a par la suite révélé que les coûts estimés de l’achat de ces deux brise-glaces, initialement de 2,6 milliards, avaient grimpé à 7,25 milliards.
Les différents types d’expériences
Mais pourquoi favoriser l’expérience ? Comment rend-elle une personne meilleure dans son travail ? Les auteurs expliquent que ce n’est pas nécessairement parce qu’une personne expérimentée connaît plus de choses qu’une personne qui l’est moins. En effet, la personne moins expérimentée peut malgré tout avoir une bonne connaissance intellectuelle d’un sujet donné, ayant lu ou suivi un cours sur le sujet, par exemple. Le réel avantage de l’expérience réside plutôt dans le fait qu’elle permet de développer un type de compétence que les auteurs appellent la connaissance tacite, en opposition à la connaissance « explicite » qui, elle, s’apprend dans les manuels. Or, entre ces deux types de connaissances, la connaissance implicite serait la plus précieuse.
Selon les auteurs, la connaissance tacite améliorerait la qualité du jugement d’une personne. Cela permettrait au jugement d’atteindre un niveau d’expertise que les auteurs appellent de « l’intuition compétente ». Les recherches démontreraient même que, lorsque les bonnes conditions sont au rendez-vous, l’intuition d’un expert est hautement fiable.
Ces concepts de connaissance tacite et d’intuition compétente font écho à ce qu’Aristote considérait comme la plus grande vertu intellectuelle, soit la sagesse pratique. Selon Aristote, la vraie connaissance passait, oui, par la connaissance explicite (ou intellectuelle), mais uniquement lorsque cette connaissance explicite était jumelée à une longue expérience pratique. Aristote avait un terme spécifique pour désigner cette sagesse pratique : la phronesis.
L’expérience pratique au cœur du succès des fusions et acquisitions
Alors, en quoi cela est-il pertinent dans le domaine des F&A ?
Et bien, comme praticiens en fusions et acquisitions, il nous est facile de constater que, comme dans les grands projets décrits par les auteurs, les parties impliquées dans une fusion ou une acquisition ne priorisent pas assez souvent l’expérience lorsqu’il s’agit d’embaucher des professionnels. Cela peut concerner les avocats, les comptables, les fiscalistes ou d’autres types de conseillers engagés dans le cadre d’une transaction de F&A. Trop souvent, une partie priorisera plutôt la continuité de la relation avec ses conseillers habituels ou prendra la décision en fonction de qui offre les coûts les plus bas. Dans les deux cas, le critère de l’expérience est relégué à l’arrière-plan.
En choisissant ses conseillers de la sorte, une partie ne maximise pas la phronesis chez ses conseillers. Elle court ainsi plus de risques que sa transaction de F&A ne se déroule pas de la façon escomptée, et avec des coûts ou des responsabilités additionnels qui auraient pu être évités si elle avait été mieux conseillée.
Un conseiller expérimenté, que ce soit au niveau légal, financier ou comptable, aura, grâce à ses expériences, acquis des connaissances et réflexes que ne peut égaler une simple compréhension intellectuelle des enjeux. Ayant été confronté à un grand nombre de situations susceptibles de se produire dans le cadre d’une transaction de F&A, il sera mieux à même d’identifier les réels risques pour son client. Il pourra ainsi focaliser son capital de négociation sur les points qui importent vraiment pour son client, plutôt que de le gaspiller sur des points qui, finalement, n’importent pas vraiment et qui ne feront, au final, que ralentir la cadence de la transaction et antagoniser les autres parties. Il sera, aussi, mieux outillé pour trouver des solutions créatives permettant de dénouer une impasse dans les négociations.
Une partie engagée dans une transaction de fusions et acquisitions et soucieuse de maximiser encore davantage la phronesis chez ses conseillers ne devrait pas s’arrêter à l’expérience de ses conseillers en F&A de manière générale. Elle devrait aller un pas plus loin, et s’assurer qu’ils ont de l’expérience dans le type même de transaction qu’elle s’apprête à réaliser. Par exemple, une société ayant retenu les services d’un conseiller dans le cadre du rachat de la participation de l’un de ses actionnaires devrait se poser la question si ce même conseiller est le choix indiqué pour l’accompagner dans l’acquisition de son plus important compétiteur. Avant d’engager des conseillers qui travaillent en équipe multidisciplinaire, une partie gagnerait également à s’assurer que chaque membre de l’équipe soit suffisamment lui-même expérimenté ou supervisé par quelqu’un qui l’est.
En bref, ce deuxième principe tiré du livre « How Big Things Get Done: the surprising factors that determine the fate of every project; from home renovations to space exploration and everything in between », lorsqu’appliqué au domaine des fusions et acquisitions, nous enseigne ceci : entourez-vous de conseillers qui ont de l’expérience pratique, pas seulement un bon pedigree ou de bonnes connaissances intellectuelles. Autrement dit, entourez-vous de conseillers qui ont de la phronesis ; comme chez BCF.